LE ROUTIOUTIOU LE ROUTIOUTIOU
LE ROUTIOUTIOU

L'OSTREÏCULTURE AU PRINTEMPS


Après 18 mois de croissance sur les collecteurs,  les huîtres  les recouvrent complètement. Le gros travail du mois de janvier au mois de mai : c’est le détroquage qui consiste à séparer les jeunes huîtres des capteurs

Le mois de juin est en général le mois pour "blanchir les tuiles". En effet, les tuiles des capteurs sont trempées dans la chaux vive contenue dans de grands bacs de bois, avant d'être placées par "ruchon" au soleil afin de fixer la chaux sur chaque tuile. Ces mêmes tuiles blanchies seront ensuite transportées puis placées à nouveau par "ruchons" sur le parc à huîtres afin de capter le soleil qui permettra aux naissains de pousser.

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A l’aide de  tuiles  romaines  chaulées , de  chapelets  d’ ardoises  ou de coupelles plastique, les  ostréiculteurs  captent les  larves  après la ponte. Ces larves ne peuvent nager que verticalement et sont donc dispersées par les courants. Apres 3 semaines de vie planctonique elles vont chercher à se fixer sur un support et devenir des "huitres vraies" d'un point de vue morphologique. A ce stade, elles sont dénommées " naissain ". Après 18 mois, les ostréiculteurs retirent ces jeunes huîtres de ces supports et les transportent dans leurs bateaux à fond plat appelés les " plates " jusqu’aux parcs d’élevage où elles sont déposées à plat ou en poche selon la méthode d'élevage.


L'OSTREÏCULTURE EN ÉTÉ


L’huître creuse est ovipare et l’huître plate est vivipare. Au soleil de l’été, l’huître creuse pleine de son lait va répandre dans l’eau ses gamètes. L’union d’un gamète mâle et d’un gamète femelle forme un œuf microscopique qui va dériver au gré des flots. Chaque huître mère donne naissance à plus d’un million d’œufs. Pour que la naissance se passe bien, plusieurs conditions doivent être réunies.!

Conditions climatiques favorables, une eau à bonne température, 21 degrés, une eau pas trop salée d’où la nécessité de la proximité des rivières. Au bout de vingt jours environ, l’invisible œuf va se fixer sur un support solide et propre. Le premier rôle de l’ostréiculteur est de fournir ces supports qu’on appelle ‘collecteurs’ qui sont coquilles d’huîtres, coquilles Saint-Jacques, ardoises, fers, tuiles, tube plastique. La pose des collecteurs s’effectue au moment où la larve cherche à se fixer fin juillet. Recouverts de naissain en été, les collecteurs restent en place jusqu’au printemps suivant.

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Au mois de juin 2006, nous avons rencontré Fabrice et Géraldine Vigier, ostreiculteurs à Gujan-Mestras. Ils possèdent la cabane 155 du Port de Larros dans laquelle ils proposent dégustation d'huîtres et vente au détail toute l'année et de 8H00 à 19H00/20H00 en fonction des saisons.

Passionné du Bassin, Fabrice a repris il y a 4 ans (2002) la suite des activités de son grand père, dont la famille est dans la culture de l'huître depuis 1880 environ.

Fabrice et Géraldine possèdent 2 parcs situés sur l'Ile aux Oiseaux et 1 sur le banc d'Arguin.

Cette fois, Fabrice nous emmène aux "filles". Nous quittons le Port de Larros, prenons le chenal de Gujan, le passage 34, les Barbot's, le Teichan, puis le chenal du courant, et arrivons enfin au parc.

Fabrice part sur les parcs environ un jour sur deux, en fonction des marées. Il y pratique deux types de culture de l'huitre :  au sol et hors sol.



L'OSTREÏCULTURE EN AUTOMNE


L'automne est une période de préparation des fêtes.Cette saison est occupée par le calibrage des huîtres mises sur le parc en eau profonde au mois de juillet.

C'est aussi une période de négociation de prix pour l'expédition suivant le cours qui tient compte de la quantité de production de l'année.


L'OSTREÏCULTURE EN HIVER


L'hiver est une période très animée pour les ostreiculteurs.

C'est en effet la période ou les expéditions à travers toute la France s'organisent.

Triage, emballage des bourriches et expédition afin de préparer les fêtes de fin d'année ou l'huître a une place d'honneur sur la table du menu de Noel ou de la St Sylvestre.

Tout ce mouvement fait partie du traditionnel aboutissement du travail d'une année.


LE TRAVAIL DES FEMMES


Je peux vous en parler, car ma femme a fait ce métier depuis notre mariage à l’âge de 20 ans. Toujours présente dans toutes les phases de l’ostréiculture, avec moi sur les parcs à ratisser et pécher les huîtres, les laver au montant, les décharger en arrivant au port., les rentrer dans la cabane pour les trier. Mais ceci n’est qu’une phase de  ce travail. Il fallait aussi sortir les tuiles de l’eau pour les détroquer, les mettre à sécher sur le quai et par la suite les chauler, puis aller les replacer dans les cages sur le bassin. Ces cages en bois sorties de l’eau après séchage et réparation étaient trempées dans un bain de goudron pour les conserver. Et puis il y avait la vente au détail sur des places à l’extérieur : le mari d’un côté et la femme à un autre endroit


GUJAN-MESTTRAS, et ses 7 PORTS

L’HISTOIRE DE GUJAN-MESTRAS

Gujan-Mestras trouve ses origines dans les premiers siècles de notre ère. Mais c’est seulement à partir du 17em siècle que cette parroisse nous livre son histoire.

A l’origine, Gujan s’appelait Guyan, c’était un petit village de paysans, de pécheurs et de ramasseurs de coquillages. Trois quartiers et trois ports représentaient cette communauté : Mestrasseau, Gujan bourg et Meyran.

Le port de Mestras était voué à la pêche en haute mer « le peougue » avec ses chaloupes et ses maîtres de barque. Le port de Gujan se consacrait à la petite pêche et au ramassage de coquillages, quant au port de Meyran, il synthétisait les activités des deux autres ports.

Toutefois, le véritable histoire gujanaise commence durant le 18em siècle avec les captaux de Buch et les écrits de quelques érudits locaux, ou de passage. Durant cette période, l‘activité locale s’articule autour d’une trilogie axée sur l’agriculture, la pèche et les coquillages. Très tôt ce peuple Gujanais s’est identifié autour de ce bassin que les romains appelaient « Mer d’Ignac » et qui deviendra par la suite le Bassin d’Arcachon, mot dérivé, vraisemblablement de « L’Arcasson » , résidu de la distillation de la résine. D’une superficie de  16000 HA, il représente le domaine maritime public « le Mayne » dans le parlé local. La moitié de ses terres découvrent avec les marées au rythme de deux pleines mer et deux basses mer par jour. C’est donc en alternance que les ostréiculteurs travaillent les terres émergentes, les « tatchs » ou se situent leurs jardins « les parcs »

LA PINASSE

LA PINASSE : sans remonter à la nuit des temps, reste le bateau mythique du Bassin. L’étymologie de ce mot Pinasse serait dérivée du grec ancien « pinax » signifiant planche de pin. Au 18em siècle, c’est un bateau à fond plat ayant la forme d’une navette d’une longueur de 7.50 mètres, armée par deux marins. Au début du 20em siècle, ce bateau sera motorisé, sa forme évoluera, il prendra le nom de pétroleuse du fait que son carburant est du pétrole lampant. Au cours du 20em siècle ce bateau perdra sa forme originelle. Pour laisser la place  à un bateau plus opérationnel : « la plate ostréicole » bateau sur-motorisé a fond plat, en alliage d’aluminium anodisé. Malgré toutes ces évolutions, le peuple Gujanais a voulu rester fidèle à ses traditions et à ses origines paysannes. Pour cela il a souhaité s’identifier à un insecte. Dans la langue Gasconne, tous les insectes sont des « barbots ». Ils auraient pu choisir « l’eumolpe » le prédateur de la vigne, ou l’abeille. Il a préféré prendre pour emblème la coccinelle, la « bête à bon dieu », peut être en raison de ses croyances religieuses ancestrales..

L’étymologie des noms donnée à ces ports se décline du parlé local « le gascon ». La Môle (la meule d’un moulin disparu au 17em siècle), Mestras, ou la Barbotière (plage ou les Gujanais barbotaient), Larros (Carrière d’où s’extrait la pierre d’alios), Meyran (vient de Meran le bétail), La Hume (vient de Humey-condensation au dessus d’un ruisseau ou d’un tas de fumier)

L’HISTOIRE DE L’HUÎTRE DU BASSIN

L' histoire de l'huître du Bassin a pour date charnière l’année 1864. Avant cette date, les huîtres qui vivaient à l’état sauvage sur des bancs naturels étaient ramassées à la main, « pruquées » ou « draguées » dans les chenaux. Après cette date, elles seront élevées et cultivées par des hommes, d’où la naissance de l’ostréiculture. C’est à Napoléon III que revient l’idée de la mise en culture des huîtres dans le Bassin d’Arcachon. L’essor de cette activité dans la deuxième moitié de 19em siècle fera apparaître un accroissement de la démographie, mais surtout une modification des infrastructures portuaire avec la création de ports artificiels : Le Port du canal, le Port de Larros, et le Port de La Hume. A la fin du 19em siècle, Gujan possédait 7 ports sur son territoire.

Depuis la nuit des temps, l’huître indigène qui s’est sédentarisée dans le Bassin d’Arcachon, est une huître plate, « l’ostrea edulys ». Les romains la sacraliseront  « Auzone la consacrera » et Rabelais l’immortalisera.

L’Ostrea Edulys est une huître type monoïque larvipare et  et protandre  se sexe alterné sur une seule souche. Elle féconde ses œufs in vitro après avoir filtré les spermatozoïdes en suspension dans l’eau.

Après la fécondation, les larves sont rejetées vivantes dans la mer. Par la suite les larves se fixeront sur le premier obstacle qu’elles rencontreront. Afin de sédentariser ce naissain sur des supports parfaitement identifiés, l’ostréiculteur utilise des méthodes différentes, mais la plus ancienne reste la tuile chaulée, invention d’un testerin monsieur Michelet. Après captage, ces premières huîtres sont séparées de leur support  « détroquer » afin de pouvoir commencer leur cycle d’élevage. Elevage qui durera en moyenne 3 années avant leur commercialisation. A la fin du 19em siècle 5500 Ha sont  consacrés a la culture de cette huître. L’année 1920 verra sa disparition suite à une épizootie. Son agonie durera quelques années avant de disparaitre  totalement du Bassin d’Arcachon.

Cette disparition va faire le bonheur d’une huître qui vivotait et que tout le monde voulait ignorer : L’huître portugaise, de son vrai nom « Grossea Angulata ». Pourqoui ce nom ? Tout simplement parce que les scientifiques ne voulaient pas la reconnaitre comme une « ostrea ».A partir de 1926, sa mise en culture va créer des dissensions, voir des drames dans le milieu ostréicole.  Rentrée dans le bassin par le fait du hasard, cette huître deviendra durant des années le fleuron de notre ostréiculture. Après la seconde guerre mondiale 1700 Ha de parcs sont exploités. Près de 10 000 tonnes sont commercialisées chaque année. 1200 personnes les travaillent et l’huître fait vivre plus de 5000 personnes sur les ports.

Comme sa lointaine cousine, l’huître plate, cette huître portugaise disparaitra en 1971, sans connaitre la vraie raison de cette épizootie. A sa disparition s’ajoutera des drames humains. Les cabanes vont se vider, des bateaux vont disparaitre et les ports se désertifier. Plus de 50 % de la population active liée à l’ostréiculture devra se reconvertir.  L’ostréiculture renaitra de ses cendres avec l’arrivée d’une huître japonaise « L’Ostrea Gigas ». Comme sa demi sœur l’huître portugaise, cette nouvelle huître relancera la profession. L’huître japonaise est elle de type dioïque et ovipare. Elle pond des œufs qui seront fécondés dans le milieu marin lorsqu’ils rencontreront un spermatozoïde. De sexe alterné sur deux souches différentes, son ovulation n’est possible sue durant la saison chaude ou l’eau est à une température comprise entre 21   et 25°C.

Malgré toutes ces crises conjoncturelles ou identitaires, l’ostréiculture en ce début de 21em siècle traverse une période difficile. Les gens de la mer se battent pour trouver la place qui leur revient entre les structures géopolitiques contraignantes et des intérêts économiques pervers.

Souhaitons que la conjugaison de ces intérêts croisés débouchera  sur une cohabitation heureuse. C’est le prix que devra payer la société pour que survive l’ostréiculture du Bassin d’Arcachon.